• Histoire d'un livre

    Les histoires des hommes sont riches et pleines de surprises, dans un agglomérat d'esprit plus ou moins tordu qui habite l'intérieur de chacun, mais aussi de l'originalité de la vie qui n'est pas en reste pour nous surprendre.

    il en est de même, parfois, pour les histoires des livres.
    Dans le rayonnage d'une librairie, alors que je lis la 4e de couverture d'un roman, attiré à la fois par son titre et les couleurs de la couverture, je me demande parfois comment ce récit est arrivé jusque là.

    Je vous propose de vous raconter l'histoire du livre Au détour du chemin,
    tel qu'il est disponible aujourd'hui, en librairie.

    Histoire d'un livre

    Durant mon expérience pèlerine je remplissais chaque jour des petits carnets pour y noter les pensées du moment, les rencontres et anecdotes de ces trois mois passés sur le Camino. Je ne voulais pas écrire de livre à mon retour parce qu'une grande part des pèlerins reprend son carnet de route pour l'imprimer à l'intention de ses amis. Seulement, le fossé séparant l'excitation du pèlerin transformé par son expérience de l'ami qui est resté dans la routine de son quotidien est très profond.

    De retour chez moi, j'étais en recherche d'emploi quand l'un de mes frères m'a dit d'écrire un récit pour occuper mon temps. C'est alors que je me suis attelé à la tâche avec quatre règles que je me suis fixé : ne pas tomber dans la monotonie d'un carnet de route quotidien ; écrire à la première personne pour que le lecteur vive lui même l'expérience du chemin ; rendre le récit le plus vivant possible avec des dialogues ; retrouver dans le récit la simplicité et la spontanéité de la vie pèlerine. J'y ai ajouté une cinquième règle qui était peut être la plus importante, je n'écris pas pour moi-même.

    J'ai eu du mal à démarrer les premières pages - plusieurs mois - et un déclic est survenu, m'entrainant dans une écriture spontanée et rapide de 2-3 semaines. Je n'avais alors aucune idée de ce que j'allais faire de ce récit. Je l'ai partagé à des amis et membres de ma famille, d'âges et horizons diverses qui m'ont apporté des retours enthousiastes. Reprenant contact avec mes professeurs de littérature et philosophie du lycée, j'ai demandé leurs avis et conseils. Les encouragements furent tels que j'ai cru à la possibilité d'imaginer un lecteur anonyme, qui n'aurait jamais la possibilité de vivre l'expérience du chemin de Compostelle, qui serait loin de la foi chrétienne et qui se retrouverait pas hasard avec mon récit entre les mains.

    J'ai parcouru de nombreuses pages internet qui expliquaient les rouages de l'édition. J'ai surtout retenu la mise en garde contre les éditions à compte d'auteur. Le manuscrit a été imprimé en plusieurs exemplaires qui ont été envoyés aux plus grandes maisons d'éditions. Je me suis armé de patience pour attendre longuement les réponses négatives.

    Après une nouvelle expérience pèlerine - l'Italie depuis Troyes par le chemin d'Assise - je me suis dit qu'il fallait conclure ce projet de récit pèlerin d'une manière ou d'une autre. N'ayant plus d'espérance du côté des maisons d'éditions j'ai pris le chemin de l'autoédition. Cela demande un gros travail de relecture et de mise en page pour respecter tous les codes de l'édition. Il a fallu acheter des ISBN à mon nom, enregistrer l'ouvrage à la Bibliothèque Nationale de France, etc. L'avantage que nous rencontrons aujourd'hui avec une impression numérique est de pouvoir imprimer seulement un exemplaire d'un livre. Avec les imprimeries mécaniques il y avait une perte liée au calibrage des machines ce qui entrainait la nécessité d'imprimer un stock important d'ouvrages pour s'y retrouver financièrement. Avec l'impression numérique je n'avais pas besoin d'investir de l'argent et de l'espace pour stocker un nombre conséquent d'ouvrages dans ma maison. Le livre a été mis en vente sur Amazon, avec une version numérique à un prix faible pour permettre au plus grand nombre d'y avoir accès, ainsi qu'une version brochée. Le système était efficace. Quand une personne achetait le livre, il était imprimé dans la foulé et elle le recevait en moins d'une semaine chez elle.

    Ce procédé m'a permis de mener au bout ce projet et de le laisser faire sa vie, au gré du vent de la providence. Et c'est là que la vie m'a encore offert de belles surprises, aussi surprenantes que celles du Camino...

    Plusieurs années après, je reçois un jour un appel téléphonique d'un monsieur qui me dit être éditeur et souhaiter reprendre les droits de mon livre. J'ai d'abord pensé à une blague. Ensuite, j'ai regardé le nom de la maison d'édition et découvert qu'elle était conséquente, avec une ligne éditoriale assez large et bien présente sur le marché du livre. À la réception du contrat, j'ai demandé l'avis d'une amie qui travaillait dans l'édition. Elle m'a répondu : "j'ai rarement vu un contrat si intéressant pour toi, signe sans hésiter". C'est ainsi que ce petit récit pèlerin s'est retrouvé sur les présentoirs de librairies de toute la France, imprimé à 2000 exemplaires. N'étant pas disponible à cette période, j'ai retiré du contrat les obligations d'interview et salons du livre. C'est pourquoi il y a eu très peu de publicités à son sujet.

    Mais il restait une énigme importante : comment l'éditeur avait découvert mon récit ?

    Un jour, je me suis permis de lui poser la question. Sa réponse fut brève et simple : "je regardais sur Amazon les récits de Compostelle en autoédition. Je suis tombé sur le vôtre. J'ai apprécié les commentaires des lecteurs. Certains disaient qu'ils n'avaient pas aimé, avec un argumentaire assez riche, et de même pour ceux qui avaient voyagé en le lisant. J'ai eu envie de le lire. Je l'ai lu et j'ai aimé." Comme si ça coulait de source.

    Ce que j'ai aimé dans l'histoire de mon livre c'est la dimension improbable de ce chemin éditorial. En quelque sorte je n'y suis pour rien. Bien sûr, j'ai écrit, j'ai autoédité le récit. Mais je n'ai pas réalisé de publicité ou pris des contacts pour que City Éditions tombe sur mon récit. Par là, j'ai eu l'impression que le chemin parcouru des années plus tôt continuait sa route, autrement, mais avec toujours autant de belles surprises.

    Si vous saviez le nombre de fois où j'ai rencontré des personnes qui me disaient : "J'ai lu votre livre sur Compostelle. J'ai beaucoup aimé ce voyage. D'ailleurs, je l'ai prêté à ma fille qui est en train de le lire".
    L'un des plus beaux retour, reste peut être celui de Félicie. Quand j'ai découvert son article, je me suis dit : "C'est pour elle que j'ai écrit ce livre".

     

     


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