-
"Contrairement à la route, le chemin est un appel à la lenteur et non à la vitesse, à la rêverie et non à la vigilance, à la flânerie et non à l'utilité d'un parcours à accomplir, il procure la confiance et non la menace. Il ouvre à la découverte, à la surprise, à l'exploration. Il invite à la liberté."
C'est avec beaucoup de poésie et d'amour que David Le Breton nous partage son regard sur le chemin. De la petite promenade quotidienne à la marche de plusieurs mois, avec l'aide d'extraits de nombreux auteurs, il nous dépeint toute la singularité de la magie du chemin. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire le livre de David Le Breton. Il arrive à embellir les pensées par la manière avec laquelle il décrit la marche et les chemins. C'est pourquoi j'ai décidé de vous partager quelques passages de son écrit. Nombreuses sont les phrases qui peuvent en être extraites, telles des citations...
Dans l'extrait d'introduction, on retrouve toute la comparaison entre le monde du quotidien que l'on quitte (la route), pour découvrir celui imposé par le chemin. Je pense que tout marcheur sera d'accord avec le terme de "liberté". C'est drôle, à postériori, de voir comme on se sentait libre sur le chemin.
"Un chemin est une ligne de vie, une veine de la terre alimentant un réseau sans fin."
J'aime ce parallèle entre le réseau sanguin, vital à l'Homme, et les chemins qui parsèment la Terre. Ces chemins, signes d'humanité...
"J. Lacarrière dit son désaroi à plusieurs reprises quand il demande une direction et qu'on lui répond: "C'est facile, c'est tout droit." Derrière la simplicité de la phrase, dit-il, il y a toute une philosophie du chemin, deux manières opposées de concevoir la marche. Elle "signifie ou bien tout droit en direction, c'est à dire en allant le plus possible dans la direction choisie, ou bien, tout en restant toujours sur le même chemin, même s'il tourne et retourne ou revient en arrière, autrement dit, quelle que soit sa direction"."
Ce passage m'a beaucoup amusé. Du fait que j'ai emprunté des chemins peu fréquentés et que, de Santiago à El Escorial, j'étais en sens inverse, j'ai souvent demandé ma direction aux autochtones croisés. A de nombreuses reprises il m'est arrivé de me demander, plusieurs centaines de mètres après avoir reçu des informations: "tout droit comment?".
"Dans les repas le meilleur n'est pas toujours le goût des plâts mais le fait de savourer la présence des autres. Même le partage de quelques tartines implique la commensalité, une célébration du lien, une culmination festive et paisible du lien social."
Sur le chemin, les meilleurs souvenirs de repas ne sont pas dus aux qualités gustatives mais à l'ambiance du lieu, au contexte dans lequel il a été pris, aux personnes qui l'ont partagé ou préparé...
"Le marcheur est un artiste des occasions."
Le marcheur prend son temps, il prend le temps. Il vit pleinement l'instant présent et lui sourit en l'acceptant comme un cadeau.
"Ce qui importe ce n'est pas le chemin mais ce que le marcheur en fait."
Finalement, il en est de même de la vie. La question du sens que l'on donne est toujours primordiale. Quelles traces le marcheur décide de laisser sur le chemin? D'autant plus importante pour le pèlerin...
"Marcher c'est retrouver son chemin."
Quand on marche, le chemin n'est pas tant extérieur, qu'intérieur. Nombreux sont les pèlerins qui sont partis sur le chemin, le coeur et la mine tristes et qui, à leur retour, sont transformés de paix et de joie.
"Tout chemin est d'abord enfoui en soi avant de se décliner sous les pas, il mène à soi avant de mener à une destination particulière. Et parfois il ouvre enfin la porte étroite qui aboutit à la transformation heureuse de soi."
Si vous aimez la marche, que ce soit d'aller à votre travail à pied, de faire votre promenade le weekend, de partir en randonnées ou de parcourir les grands chemins de pèlerinage, je vous conseille vivement le livre de David Le Breton.
David Le Breton est né le 26 octobre 1953. Il est professeur en sociologie à l'Université de Strasbourg, membre de l'Institut universitaire de France et du laboratoire URA-CNRS "Cultures et société en Europe". Il est l'auteur, entre autres, de : Du silence, La saveur du monde (chez Métailié), Marcher pour s'en sortir (chez Eres)
Merci David Le Breton pour vos mots qui viennent dessiner ce très beau chemin de pensées et de papier : Marcher. Éloge des chemins et de la lenteur.
4 commentaires -
"En partant sur la route, en consentant à nous déplacer physiquement et donc en nous-même, nous pouvons accéder à ce petit miracle : notre quotidien n’a pas changé, mais aujourd’hui, nous le voyons différemment." En lisant les mots de Gilles Donada dans son dernier article, je me suis rendu compte de l'importance du "sens" sur le chemin.
Quand on franchit sa porte et que l'on sort marcher, même juste une dizaine de minutes, la magie des sens nous habite rapidement. Notre coeur adapte ses battements au rythme des pas. Ces derniers essayent d'être de plus en plus léger tout en réduisant leur bruit. Les oreilles entendent chaque feuille chanter dans le vent et la merlette qui appelle son petit. Les yeux se plissent pour observer les nuages dans le ciel tandis que l'esprit cherche à leur donner une forme. Tous les sens en éveil le marcheur sait qu'il existe et peut clamer haut et fort: "Je marche donc je suis."
Si vous demandez à un pèlerin qui vient de partir pour trois mois de marche sur les chemins pourquoi il est parti. Dans la souffrance des premiers jours, lors des difficultés physiques, il vous répondra qu'il ne sait pas pourquoi il marche. Pourtant ce ne seront pas les tendinites qui l'arrêteront car il sait où il va. En rentrant chez lui, il regarde la trace de ses pas dans le sable et son chemin prend un tout autre sens...
Chers amis, je vous souhaite pour 2013 d'oser vivre vos rêves et que ces derniers aient du sens pour vous. Que cette nouvelle année vous voit sourire avec tout votre être et tous vos sens.
votre commentaire -
3 Mai 2011: bâton en main, sac au dos, coquille autour du cou et me voilà parti pour une aventure qui continue, encore aujourd'hui, de me faire cheminer. Le 5 mai, alors que je souffrais sur les bords du canal de Nantes à Brest, avec mon sac de 19 kilos; j'étais à 10 000 lieues de penser que ce chemin me mènerait si loin, que les traces de mes chaussures dans le sable de Soulac me nourriraient si longtemps et seraient ainsi partagées.
Blog qui continue d'être visité par de nombreuses personnes, témoignages auprès de jeunes, écriture d'un livre, rencontre de nombreux amoureux du chemins, pèlerins, auteurs... personnes merveilleuses. Que de traces, que de richesses, que d'étoiles qui prolongent cette fabuleuse aventure jacquaire.
Les traces des pas que nous dessinons dans la poussière des chemins donnent sens à notre action.
je ne sais pas où mon chemin jacquaire me menera mais je continue d'avancer confiant, étape après étape. Aujourd'hui, le récit de la magie des rencontres vécues durant mes trois mois de marche est en correction, dans les mains de personnes pouvant dire s'il est lisible et riche. Pour la suite... nous verrons ce que la prochaine étape offrira comme rencontres.
Le chemin nous offre une philosophie et un regard sur la vie qui nous montre que nous pouvons avoir confiance en elle. La vie est merveilleuse malgré ce que les médias nous disent et elle vaut le coup d'être vécue, parcourue, cheminée... sourire aux lèvres et dans le coeur.
Amitiés jacquaires
Hub
4 commentaires -
Ces magnifiques mots d'Yves Duteil, extraits de sa chanson "Si j'étais ton chemin", ont été choisis par les responsables du projet "Le Banc du Pèlerin" pour être inscrits sur la plaque du banc parrainé. Quelques amoureux des chemins ont décidé de profiter de la proposition de la Cité des sciences et de l'industrie, pour tenter de mettre un peu de magie du chemin, d'espoir, de spiritualité, de poésie ... dans notre monde.
A l'occasion de la mise en place d'un nouveau jardin devant la Cité des sciences et de l'industrie, Universcience a décidé de proposer le parrainage d'arbres et de bancs en échange d'une plaque mentionnant le nom des parrains et une phrase au choix, d'avantages fiscaux sur les dons, d'avantages sur les entrée à la Cité et au Palais...etc. Nos amis du chemin ont donc décidé de créer un Mécénat du Banc du Pèlerin pour essayer de récolter les fonds leur permettant de parrainer un banc sur lequel serait inscrit:
Le Banc du Pèlerin
A tous ceux dont l'histoire t'a mené jusque là
Et pour ceux qui suivront la trace de tes pas
Yves DuteilDans notre société où on entend tous les jours parler de malheurs, de soucis économiques, de crises, de mort... je trouve ce projet positif car il est plein d'espoir... Qui sait ce que ces mots d'Yves Duteil inspireront à la personne qui s'asseyera sur ce banc et qui les lira? Qui sait le sens qu'ils auront pour ce monsieur sexagénère qui viendra lire le journal ici? Qui sait le plaisir qu'ils procureront au pèlerin de Compostelle qui commence la via Turonesis et passera devant ce banc? Qui sait...?
Si cette phrase aura du sens dans la vie d'au moins une personne, alors ça aura vallut le coup d'apporter sa pierre au projet.
Si vous désirez en savoir plus sur:
le projet,
les avantages que vous aurez en tant que donateurs,
l'utilisation de l'argent récolté au profit des personnes à déficience visuelle,
le soutien et l'accord d'Yves Duteil,
Le soutien de nombreux auteurs et acteurs des chemins...Rendez-vous sur le blog du Banc du Pèlerin.
Merci d'avance pour eux.
A bientôt pour, je l'espère, de bonnes nouvelles du livre "Au détour du chemin..."
Amitiés jacquaires.
Hub
votre commentaire -
Qu'en pensez vous?
Avant de commencer à poser les premiers mots du récit de mon aventure jacquaire, j'ai trouvé un titre et une couverture.
La photo de fond est une de mes photos du chemin à laquelle j'ai appliqué un léger filtre pour lui donner ce petit côté peinture. On y trouve un pèlerin en marche avec la coquille sur son sac, la perspective du chemin, l'ombre aux côtés du pèlerin qui rapelle que l'on n'est jamais seul et le ciel qui s'ouvre sur le titre.
Au détour du chemin...
J'ai donné une grande importance aux rencontres dans l'expérience que j'ai eu la chance de vivre. Sans ces dernières je n'aurais jamais pu faire tous ces kilomètres dans le sable, les cailloux, la terre et sur le bitume. Ce sont ces rencontres qui ont éclairé mon chemin, telles les étoiles du campo stellae. Mon récit est donc celui de ces cadeaux offerts Au Détour du Chemin...
En cherchant sur internet, je n'ai trouvé qu'un livre datant de 1911 qui porte ce titre, mais sans les points de suspension. Cela ne devrait donc pas poser de soucis quant à la possibilité de le garder.Et oui, je viens de terminer la première phase d'écriture qui consistait à poser les mots à l'instinct, tel qu'ils s'offraient à moi dans un premier jet. J'attaque aujourd'hui une deuxième phase qui consiste à relire, corriger, re-relire, recorriger.... jusqu'au moment où j'estimerai le résultat lisible.
La suite de l'aventure? Seul Dieu la connait...
Amitiés jacquaires.
Hub.
3 commentaires