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"Au Détour du Chemin..." est le titre potentiel du récit de mon expérience jacquaire. 360 pages qui présentent en toute simplicité le regard d'un jeune de 25 ans face à la beauté de la philosophie pèlerine. Au fil des rencontres, des réflexions personnelles, des découvertes, des difficultés, j'essaie d'emporter dans mon sac le lecteur pour lui partager la magie de mon chemin.
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Les arbres ont laissé tomber leurs parures d’or depuis longtemps pour accueillir avec humilité la blancheur de l’hiver. Le bruit du vent automnal fait maintenant partie des souvenirs, tandis que le silence de la neige remplit l’air ambiant. 2013 s’est retirée dans l’ombre du passé et une nouvelle année vient de s’installer dans notre vie.
Le temps passe et ne nous attend pas...
7 commentaires -
Et s'il était plus judicieux de choisir son but en fonction du chemin et non pas l'inverse? Et si l'important n'était pas tant la destination que le voyage qui l'y mène? Et si l'essentiel n'était pas de savoir pourquoi nous faisons le chemin, mais d'être (sur) le chemin?
On ne peut guère faire de généralités étant donné la richesse de l'humanité et la complexité de l'Homme... mais je me suis rendu compte que lorsqu'on me pose des questions sur mes chemins, je ne parle quasiment jamais, sauf précision, de mon arrivée à destination. Je vais raconter les merveilleuses rencontres du chemin avec la beauté des échanges, des regards, des vécus de chacun. Je vais présenter la magie d'un lever de soleil, décrivant l'émotion qui m'habitait à chaque étape de sa révélation lumineuse. Je vais parler de la fierté que j'ai ressenti après avoir parcouru une longue et difficile étape dans les monts du Beaujolais, suite à trois plus petites parmi les collines bourguignonnes. Par contre, au sujet de mon expérience jacquaire, je parle rarement de mon arrivée. Cela je l'ai également remarqué chez de nombreux pèlerins rencontrés aux détours des chemins. C'est peut être le résultat d'un manque de sens, pourtant, bon nombre de pèlerins ont de réelles et importantes motivations à se rendre au pied de tel ou tel tombeau. Ou alors une question de proportion de temps passé à voyager plutôt que de temps passé à destination. Mais alors, cette question de temps est associée à celle du sens, car nous prenons le temps de voyager pour atteindre une destination, tandis que, lorsque nous sommes arrivés, nous n'avons plus de motivation à y passer du temps, le but étant atteint.
Tout le monde connait cette phrase de Stevenson qui dit que "l'important n'est pas la destination, mais le voyage". Beaucoup reprennent cette idée, comme Dan Millman dans Le Guerrier Pacifique et bien d'autres... Finalement, je ne suis pas sûr que l'un ait plus d'importance que l'autre car ils sont liés. Le voyage offre de merveilleux souvenirs mais il trouve son sens et sa motivation dans la destination qui lui offre un terme. Est ce que la fin justifie forcément les moyens, ou est-ce le moyen qui justifie la fin? Pour le pèlerin, est ce le voyage qui justifie la destination, ou le but qui justifie le chemin vécu?
Ça devient trop compliqué pour moi, je vous laisse y répondre...
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Sur les forums de pèlerins, dans les associations jacquaires ou même, sur le chemin, on entend souvent des personnes juger ceux qui ne partent que cinq jours, ceux qui dorment à l'hotel, ceux qui se font porter leurs bagages, ceux qui prennent le taxi une étape sur trois...
Moi-même, à de nombreuses reprises, il m'est arrivé de critiquer d'autres marcheurs. Mais en réfléchissant un peu, je me rends compte que je les critiquais parce qu'ils ne me ressemblaient pas, parce que nous ne nous comprenions pas en partageant nos expériences du chemin, étant données nos manières de vivre et nos regards respectifs. Tout cela parce que nous étions différents. Hors la différence doit être vue comme une richesse, celle de l'Humanité.
Alors que je passais la nuit dans le dortoir du sous-sol d'un hôtel, aux pieds du barrage du lac du Cenis, j'ai croisé dans le hall un couple de français qui était assez froid de premier abord. Je n'aurais jamais deviné qu'ils étaient pèlerins, tant au niveau des vêtements que de l'allure. Le lendemain je les ai revu à Susa. Ils m'ont abordé en me demandant si j'avais fait toute la descente à pied car ils avaient pris un taxi, pensant que l'étape serait trop difficile. Les jours derniers, ils se faisaient porter leurs bagages... mais tout de suite, ils ont cherché à se justifier de leurs actions sans que je ne dise rien. Je leur ai vite fait comprendre que l'important était qu'ils passent un agréable moment et qu'ils vivent un beau séjour. Peu importe le moyen ou la manière. Nous sommes tous différents et vivons ainsi, sur un même chemin, des expériences différentes.
Une autre fois, j'ai passé la nuit dans un gîte d'un ancien pèlerin de Compostelle. M'y ont retrouvé, trois pèlerines qui cheminaient également vers Assise. Seulement, elles ne marchaient qu'une semaine par an, ou guère plus. Elles avaient tendance à beaucoup se plaindre de maux divers et variés. Mais cela est tout à fait normal, la première semaine est toujours difficile pour le corps qui doit s'adapter à une nouvelle vie. C'est seulement après que l'on oublie ces petits bobos, quand elles rentraient chez elles. Mais cela leur appartient. C'est leur choix. D'autre part, elles vivaient une belles semaines entre amies....
C'est vrai que ces pèlerins ne goutent pas forcément à toute la magie du pèlerinage offerte à celui qui part seul, longtemps, celui qui s'abandonne à la providence et la générosité du chemin, celui qui s'ouvre à la confiance sans peur d'avoir mal, de se perdre, de ne pas avoir de toit... et quand bien même, cela n'est pas un soucis pour lui. Mais ce n'est pas pour cela qu'ils ne vivent pas une belle expérience, à leur niveau, avec ce qu'ils offrent au chemin. C'est leur choix et nous devons l'accepter.
Chacun vit le chemin qu'il a envie de vivre. Plus on donne au chemin, plus il nous rend en retour. Il faut juste oser...
Photos: brume matinale à Vézelay / Fleurs du Morvan.
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David Le Breton, dans Marcher. Éloge des chemins et de la lenteur nous dit que le chemin: "il ouvre à la découverte, à la surprise, à l'exploration. Il invite à la liberté."
Cette découverte, cette surprise et cette exploration ne sont pas tant celles du monde environnant que celles de soi-même. Tandis que nos sens sont en éveil, à l'affut du moindre petit chant d'oiseau, du moindre parfum de fleur, des moindres dessins formés par l'ombre des nuages sur les prés, du moindre goût sucré des fraises ramassées dans les bois; les sens internes du corps et de l'esprit s'éveillent à leur propre écoute. Tandis qu'on découvre l'importance de chaque regard et sourire échangés avec les inconnus du jour, en même temps, on apprend l'importance de chaque émotion et ressenti de notre propre esprit.
Alors on découvre la magie du "marcher avec". J'irais même jusqu'à dire, la magie du "être avec". La vie du chemin commence par apprendre à vivre au présent, et c'est là qu'on découvre la magie du "être avec". Quand j'ai quitté Saint Sorlin en Bugey, après la difficile ascension du dernier contrefort du Jura, j'ai croisé un petit lapin non farouche et c'est alors que le temps s'est arrêté. Je ne pourrais dire combien de minutes je suis resté à le regarder, heureux et pleinement là, "avec" lui. Ou encore, ce temps passé dans le cimetière d'Innimont, aux premières heures du jour, à être "avec" le silence de l'aube qui accompagne les premières lueurs du soleil.
Là où c'est le plus marquant, c'est dans les rencontres et échanges humains. Lorsque l'on vit l'instant présent, on se détache de toute contrainte relationnelle pour être pleinement "avec" la personne. Alors les cœurs s'ouvrent, offrant émotions, joies, peines, mots de réconfort, messages d'espérance et de confiance. Dans un bel équilibre, nous donnons sans nous en rendre compte, naturellement, et nous recevons beaucoup. En quittant Autun (ville qui est hors chemin) j'ai emprunté le bord d'une route sur un peu plus de cinq kilomètres, pour rejoindre le chemin balisé plus au sud. En passant dans un petit hameau, j'ai salué une dame qui fumait sa cigarette dans son jardin. Elle m'a répondu par un beau sourire et la conversation a commencé: "Vous allez où comme ça? (etc)" puis, après un bel échange elle m'a dit: "Ah, c'est vraiment dommage, j'ai tous mes enfants qui sont là ce weekend, la maison est pleine (il y avait au moins cinq voitures dans le jardin) sinon je vous aurais dit de rester passer la journée et la nuit avec nous"...
Toujours dans cette corrélation entre le monde extérieur et son intérieur, je crois que nous pouvons être "avec" le monde qui nous entoure, la nature, les rencontres humaines... que si nous sommes "avec" nous-même. Mais "être avec" demande de la confiance, confiance en soi, confiance dans les autres et confiance en la vie, le temps... Cette confiance offre le calme, la paix et la LIBERTÉ.
Quand mon ami Simon (pèlerin allemand rencontré à Taizé) m'avait demandé mon avis sur son idée de faire demi-tour pour essayer de retrouver une fille croisée en route. Je lui avais dit que je ne pouvais me mettre à sa place car, avec mes engagements de blog, de port d'intentions de prières, de rencontres à l'arrivée... je ne pouvais pas m'arrêter en chemin et revenir avant la fin. Mais le chemin fait petit à petit le pèlerin en lui offrant de belles expériences qui sont liées entre elles: être avec, la Liberté et l'humilité.
Je suis toujours en chemin, même si pour le moment celui-ci est plutôt un chemin intérieur. La vie est comme un pèlerinage, avec de nombreuses étapes diverses et variées...
Belles pensées pour vous.
HubertPhotos: soirée à la tour de Laval / Matines à Innimont / Col de la Croix de Fer, côté Est.
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