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Liberté du chemin...
David Le Breton, dans Marcher. Éloge des chemins et de la lenteur nous dit que le chemin: "il ouvre à la découverte, à la surprise, à l'exploration. Il invite à la liberté."
Cette découverte, cette surprise et cette exploration ne sont pas tant celles du monde environnant que celles de soi-même. Tandis que nos sens sont en éveil, à l'affut du moindre petit chant d'oiseau, du moindre parfum de fleur, des moindres dessins formés par l'ombre des nuages sur les prés, du moindre goût sucré des fraises ramassées dans les bois; les sens internes du corps et de l'esprit s'éveillent à leur propre écoute. Tandis qu'on découvre l'importance de chaque regard et sourire échangés avec les inconnus du jour, en même temps, on apprend l'importance de chaque émotion et ressenti de notre propre esprit.
Alors on découvre la magie du "marcher avec". J'irais même jusqu'à dire, la magie du "être avec". La vie du chemin commence par apprendre à vivre au présent, et c'est là qu'on découvre la magie du "être avec". Quand j'ai quitté Saint Sorlin en Bugey, après la difficile ascension du dernier contrefort du Jura, j'ai croisé un petit lapin non farouche et c'est alors que le temps s'est arrêté. Je ne pourrais dire combien de minutes je suis resté à le regarder, heureux et pleinement là, "avec" lui. Ou encore, ce temps passé dans le cimetière d'Innimont, aux premières heures du jour, à être "avec" le silence de l'aube qui accompagne les premières lueurs du soleil.
Là où c'est le plus marquant, c'est dans les rencontres et échanges humains. Lorsque l'on vit l'instant présent, on se détache de toute contrainte relationnelle pour être pleinement "avec" la personne. Alors les cœurs s'ouvrent, offrant émotions, joies, peines, mots de réconfort, messages d'espérance et de confiance. Dans un bel équilibre, nous donnons sans nous en rendre compte, naturellement, et nous recevons beaucoup. En quittant Autun (ville qui est hors chemin) j'ai emprunté le bord d'une route sur un peu plus de cinq kilomètres, pour rejoindre le chemin balisé plus au sud. En passant dans un petit hameau, j'ai salué une dame qui fumait sa cigarette dans son jardin. Elle m'a répondu par un beau sourire et la conversation a commencé: "Vous allez où comme ça? (etc)" puis, après un bel échange elle m'a dit: "Ah, c'est vraiment dommage, j'ai tous mes enfants qui sont là ce weekend, la maison est pleine (il y avait au moins cinq voitures dans le jardin) sinon je vous aurais dit de rester passer la journée et la nuit avec nous"...
Toujours dans cette corrélation entre le monde extérieur et son intérieur, je crois que nous pouvons être "avec" le monde qui nous entoure, la nature, les rencontres humaines... que si nous sommes "avec" nous-même. Mais "être avec" demande de la confiance, confiance en soi, confiance dans les autres et confiance en la vie, le temps... Cette confiance offre le calme, la paix et la LIBERTÉ.
Quand mon ami Simon (pèlerin allemand rencontré à Taizé) m'avait demandé mon avis sur son idée de faire demi-tour pour essayer de retrouver une fille croisée en route. Je lui avais dit que je ne pouvais me mettre à sa place car, avec mes engagements de blog, de port d'intentions de prières, de rencontres à l'arrivée... je ne pouvais pas m'arrêter en chemin et revenir avant la fin. Mais le chemin fait petit à petit le pèlerin en lui offrant de belles expériences qui sont liées entre elles: être avec, la Liberté et l'humilité.
Je suis toujours en chemin, même si pour le moment celui-ci est plutôt un chemin intérieur. La vie est comme un pèlerinage, avec de nombreuses étapes diverses et variées...
Belles pensées pour vous.
HubertPhotos: soirée à la tour de Laval / Matines à Innimont / Col de la Croix de Fer, côté Est.
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