Après avoir parcouru plus de 10 000 kilomètres depuis la France, été nourri et hébergé par des centaines de personnes aux langues et coutumes diverses, avoir passé plusieurs années sur les chemins, routes et plaines d'Europe et d'Asie, après avoir rencontré une belle partie de l'humanité et de soi-même, quel sens peut avoir l'acte de s'asseoir à l'ombre des fanions à prière d'un haut-plateau chinois?

Peut-être que justement, ils ne cherchent pas de sens à cela. Peut être qu'à l'approche de cet arbre à prières, ils n'ont vu qu'un moyen de se protéger des forts rayons du soleil qui les brulaient sur les hauteurs du toit du monde. Alors ils ont posé leurs sacs, se sont assis sous ce chapiteau à ciel ouvert, ont fermé leurs yeux et se sont laissés bercer par le chant des prières dans le vent.

Peut être qu'ils ont simplement su profiter pleinement de l'instant présent qui leur était offert.

C'est dans le dernier numéro du magazine Carnets d'Aventures que j'ai fait la découverte de Thierry Montaner et Killian Blais. Ils y présentent la richesse de leur aventure autour du monde avec un budget de 2 euros par jour. Ils marchent ainsi depuis 6 ans à travers l'Europe et l'Asie. Pour les détails de leur périple, de leurs motivations, de leur projet, je vous laisse visiter leur site Toutenmarchant.com, ou chercher le dernier numéro de Carnets d'Aventures chez votre marchand de journaux.

Je vais quand même m'arrêter sur quelques extraits de l'article qui ont retenu mon attention. Avec la marche et leur démarche  de compter sur seulement 2 euros par jour, ils nous dévoilent toute la richesse d'un voyage dans cet état d'esprit, proche de celui de nombreux pèlerins qui osent s'abandonner dans leur Chemin avec humilité.

« Dès lors je quittais sans effort mon état de stabilité apparente pour entrer dans un état de déséquilibre perpétuel qu'est la marche. Sans effort ni hésitation, j'ouvrais ce que j'appelle mon "coffre au temps". Avoir toujours été sourd aux commandements de la société me donnait l'immense avantage de n'avoir aucune serrure à ce coffre. Or, une fois ce coffre ouvert, il est possible de prendre le temps à poignées entières et de le semer là où on estime qu'il sera fertile. »

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« Pour voyager avec peu d'argent, il faut avoir du temps: le prendre, se le donner, apprécier les phases d'inaction, célébrer la lenteur comme une fin en  soi et accepter que le temps se perde, se gaspille. »

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« Tout le monde connait la maxime: "le temps, c'est de l'argent". Moi, je lui préfère son reflet: "l'argent, c'est du temps".

Comment mettre un prix sur la prise de conscience de la bonté de l'homme que la multitude de sourires, de repas partagés et d'invitations à rester dormir a fait grandir? Et que confirme chaque jour passé, chaque frontière traversée... »

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« Car voyager avec peu d'argent, et à plus forte raison à pied, c'est comme chevaucher le monde à cru: on ressent mieux sa vie, mais on est aussi plus exposé aux chocs de sa fougue. »

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« Voyager avec peu d'argent prend tout son sens. Il vous met au contact direct avec le monde et procure une multitude de souvenirs que l'authenticité des rapports qui les tissent fait briller d'un éclat particulier. »

Encore des personnes qui nous réconcilient avec le monde et l'humanité. Mais pour cela ils sont en marge de la société...

Faut-il être, d'une certaine manière, en marge de la société pour être heureux? Faut-il s'abandonner pour avoir confiance et être bien dans ses pompes? Faut-il avoir peu de choses matérielles pour être riche? Faut-il avoir le ciel comme maison pour être libre? Faut-il prendre le temps pour ne pas en être dépendant? Faut-il oser l'humilité pour pouvoir aimer?

* Citations extraites de l'article Le tour du monde à pied avec 2 € par jour/ Carnets d'Aventures n°37 Septembre,Octobre,Novembre.