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Le bouquet de fleurs
A Muxia j'ai rencontré un jeune français, parti du Puy en Velay et qui était très heureux de parler. Comme s'il avait besoin de parler de son chemin à quelqu'un, comme s'il n'avait pas pu le faire auparavant. Dans son récit il me disait qu'il ne conseillerait pas à ses amis de faire le chemin, car c'est très difficile, il faut être solide dans sa tête. C'est beaucoup de souffrances humaines... etc.
Quand il m'a raconté qu'il avait dormi plusieurs fois dehors, qu'il avait été mal reçu.. je n'ai pas compris... Son chemin ressemblait plus à un calvaire qu'à autre chose.Deux jours avant, en discutant avec Andreia, j'avais ressenti un peu les mêmes sentiments de sa part...
Pourquoi mon chemin est-il si bon?
Ai-je vraiment de la chance?
Pourquoi, quand j'ai besoin de quelque chose, je le reçois quand il le faut?
Pourquoi le chemin me sourit-il autant?
Aujourd'hui, au seminario minore de Santiago, j'ai rencontré deux français très sympathiques. Christian (parti de Grenoble) et Raphaël ( parti du Mont-Blanc). Raphaël me disait que durant son chemin il avait eu beaucoup de “chance” ( à ce degré on sait bien que ce n'est pas de la chance) sur son chemin depuis un peu plus de deux mois.
Ainsi cela m'a rassuré, je ne suis pas le seul. Et en parlant avec Raphaël, j'ai compris que cette chance venait du fait que nous avions une grande confiance dans le chemin, une grande confiance en la vie. Ainsi nous allions provoquer cette chance et notre chemin reflète la phrase : “Souris à la vie et elle te sourira”Le jeune français, comme Andreia, n'osaient pas sourire à la vie. Car ils n'avaient pas confiance en eux, de ce fait ils ne pouvaient ni faire confiance au chemin, ni faire confiance aux personnes croisées.
Si je veux que ma vie soit tel un bouquet de fleurs au parfum enivrant.
Pour que ce bouquet dure longtemps, il faut que j'y ajoute de l'eau, que je coupe le bas des tiges. Puis, régulièrement, il faut que je retire les fleurs qui se fanent, et que je rajoute des fleurs fraiches et aux couleurs vives.
Ainsi, je dois sortir de chez moi, aller dans mon jardin ou en forêt pour en trouver.Ma maison sera agréable à vivre, les couleurs y seront positives, et le parfum doux et paisible.
Quand mes amis viendront, ils se sentiront bien chez moi...
Il en est de même de la vie.
Quand ma vie n'a plus, ni odeur, ni couleur. Il ne sert à rien de me plaindre. Il ne tient qu'à moi d'aller chercher de belles fleurs pour transformer ma vie et celle de mes proches.
Hub
Tags : chemin, vie, fleurs, confiance, couleur
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Commentaires
2sebvVendredi 8 Juillet 2011 à 20:12Quelles réflexions Hubert, mais je crois que tu touches du bout du doigt le message du Christ, ce n'est que mon avis et l'essence même de ma foi. Cela me fait penser à ce texte :
Il était une fois un homme assis près d'une oasis à l'entrée d'une ville du Moyen-Orient. Un jeune homme s'approcha et lui demanda :
- Je ne suis jamais venu ici. Comment sont les gens qui vivent dans cette ville ?
Le vieil homme lui répondit par une question :
- Comment étaient les gens dans la ville d'où tu viens ?
- Égoïstes et méchants. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'étais bien content de partir.
- Tu trouveras les mêmes ici répondit le vieil homme
un peu plus tard, un autre jeune homme s'approcha et lui posa la même question :
- Je viens d'arriver dans la région. Comment son les gens qui vivent dans cette ville ?
Le viel homme lui répondit de même :
- Dis moi mon garçon, comment étaient les gens dans la ville d'où tu viens ?
- Ils étaient bons, bienveillants, accueillants, honnêtes. J'y avais de nombreux amis et j'ai eu beaucoup de mal à les quitter.
- Tu trouveras les mêmes ici répondit le vieil hommeUn marchand, qui faisait boire ses chameaux, avait entendu les deux conversations. Il fic ce reproche au vieil homme :
Comment peux-tu donner deux réponses complètement différentes à la question posée par deux personnes ?- Mon fils, dit le vieil homme, chacun porte l'univers dans son coeur. D'où qu'il vienne, celui qui n'a rien trouvé de bon par le passé ne trouvera rien ici non plus. Par contre, celui qui avait des amis fidèles dans l'autre ville trouvera aussi des amis loyaux et fidèles. Car vois-tu, les gens sont vis-à-vis de nous ce que nous trouvons en eux."
Je te le laisse sur ton site. Bon chemin Hubert, et continue à nous faire partager tes aventures, c'est une bouffée d'oxygène. A bientôt Hubert, Buen Camino.
Hubert,
Quand je suis arrivé à Santiago, le lendemain, au monastère, j'ai croisé un homme qui n'arraitait pas de pleurer. Il voulait se suicider. Il avait fait ce chemin et voulait se suicider. Il pensait que de passer de monastères en monastères, il aurait eu une réponse auprès des moines. Sa maman était morte 5 ans plus tôt. Il avait fait ce chemin pour elle et pour lui. A l'issue du chemin, il se rendait compte que personne ne lui avait apporté de réponse devant la mort de sa maman. Il n'en avait pas fait son deuil. Il n'avait pas fait son deuil et ce chemin ne lui avait pas ouvert la porte de ce deuil car il pensait que les moines lui auraient permis de le faire à sa place.
Brûler quelque chose à Fisterra ou à Muxia n'est pas un acte facile. Ce n'est pas une récompense. Certaines personnes peuvent faire ce chemin sans comprendre. D'autres le font plusieurs fois dans une vie.
Ce qui importe en la circonstance est que tu sois arrivés là. La suite de ton chemin n'en sera qu'une continuité.
Merci à toi Hubert.
Hier, je suis allé voir la Vierge Noire de Douvres-la-Délivrande, elle était belle. Je respire ce chemin que tu viens de faire. Je suis touché et heureux de ton périple.
MERCI de nous avoir fait partager cela.
BUEN CAMINO
4Jean-Baptiste BVendredi 15 Juillet 2011 à 10:52
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Et pourtant, on peut partir plein de doutes sur soi et sur les autres, et acquérir cette confiance en chemin, petit à petit... Il semble que cela n'ait pas fonctionné pour eux. Dommage !
Plus tard, peut-être... Ton article est très intéressant, merci !