• J'ai essayé...

    J'ai essayé...

    En rentrant de mon périple jacquaire de plusieurs mois à marcher sur les chemins de France et d’Espagne, je me suis dit que le défi allait être d’essayer de projeter un peu de la philosophie du chemin dans le quotidien. Cela s’avère plus compliqué que je ne le pensais… L’objet de l’article du jour n’est pas l’esprit du chemin dans le quotidien, mais l’esprit du chemin au volant d’une voiture…

    C’est ce que j’ai voulu essayer tant bien que mal durant un périple de plusieurs semaines.

     

    L'idée de départ était de choisir un itinéraire général qui me permettrait de visiter des amis et personnes que, pour certaines, je n'avais pas vues depuis longtemps. Entre autres, je souhaitais revoir quelques uns de ceux qui m'avaient ouvert leurs portes sur mon périple de 2011.

    Toute la magie du chemin réside dans l'abandon et la confiance, dans la liberté de prendre le temps et de ne se soucier que de l'instant présent pour en profiter pleinement et le vivre intensément. Je me suis vite rendu compte que la voiture allait beaucoup trop vite pour me permettre de prendre le temps. Alors que j’apercevais sur le bord de la route un panneau indiquant une vieille abbaye du XIVe au prochain croisement, ou un village médiéval, le temps que je me pose la question, la bifurcation était dépassée et je me retrouvais pressé par une file de voitures qui me collaient au train... Je me suis dit que je ferai attention la prochaine fois, mais l'indication arrivant au dernier moment, la même expérience se réitérait. Le code de la route à suivre, les vitesses à respecter, l'enfermement de l'habitacle, etc, laissent peu/ou pas de liberté à celui qui a connu la magie de la marche. Même à 50 km/h dans une ville, le temps de repérer un café, de se poser la question, de chercher une place, et nous sommes déjà 800 mètres plus loin. Tout cela sans parler de la (at)tension de la conduite, de l’anticipation du danger, de la surveillance des autres véhicules, des piétons, tant d'éléments qui n'allègent pas l'esprit.

    Pour ce qui est des rencontres... lorsque nous J'ai essayé...conduisons ellesJ'ai essayé... sont nulles, tandis que la marche offre à chaque croisement de regards une nouvelle rencontre. Pour ce qui est des personnes à visiter, je pensais, au début, essayer de m'y prendre comme sur le chemin, en prévenant au dernier moment ou même en débarquant à l'improviste. J'ai rapidement constaté qu'il y avait une incompréhension de la démarche lorsque nous arrivons en voiture. L'impression parfois de déranger nos hôtes. C'est comme si dans l'esprit des gens, le fait d'être véhiculé nous intègre dans le rythme calculé et organisé de la société. Ainsi nous "devons" nous plier aux règles de l'organisation et de la prévention. En voiture, il faut prévenir, prévoir, organiser, inscrire dans l'agenda... Si nous voyageons à pied, les gens comprennent que vous ne sachiez où vous allez dormir et ils vous ouvrent volontiers leur porte en accueillant avec joie la surprise de la rencontre. Lorsque nous sommes en voiture il y a une incompréhension de la surprise et de l'imprévu.

    Je sais maintenant que si je veux vivre un temps de rencontre et de liberté il me faudra voyager à pied. Je pense que l'auto-stop permet d'expérimenter une bonne partie de cette liberté parce que ce moyen de locomotion est basé sur la rencontre imprévue. La prochaine expérience sera peut être à bicyclette... tout en sachant que le vélo créé une dépendance matérielle mais il permet, dans un même laps de temps, d'aller plus loin que la marche à pied.

    Comme pour tout il est difficile de tout avoir, il faut donc choisir en fonction de ce que l'on veut vivre.

     © Photos: Val Suzon, Dijon Avril 2015 / Taizé Avril 2015

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