• Différences et jugement du chemin.

    Différences et jugement du chemin.Sur les forums de pèlerins, dans les associations jacquaires ou même, sur le chemin, on entend souvent des personnes juger ceux qui ne partent que cinq jours, ceux qui dorment à l'hotel, ceux qui se font porter leurs bagages, ceux qui prennent le taxi une étape sur trois...

    Moi-même, à de nombreuses reprises, il m'est arrivé de critiquer d'autres marcheurs. Mais en réfléchissant un peu, je me rends compte que je les critiquais parce qu'ils ne me ressemblaient pas, parce que nous ne nous comprenions pas en partageant nos expériences du chemin, étant données nos manières de vivre et nos regards respectifs. Tout cela parce que nous étions différents. Hors la différence doit être vue comme une richesse, celle de l'Humanité.

    Alors que je passais la nuit dans le dortoir du sous-sol d'un hôtel, aux pieds du barrage du lac du Cenis, j'ai croisé dans le hall un couple de français qui était assez froid de premier abord. Je n'aurais jamais deviné qu'ils étaient pèlerins, tant au niveau des vêtements que de l'allure. Le lendemain je les ai revu à Susa. Ils m'ont abordé en me demandant si j'avais fait toute la descente à pied car ils avaient pris un taxi, pensant que l'étape serait trop difficile. Les jours derniers, Différences et jugement du chemin.ils se faisaient porter leurs bagages... mais tout de suite, ils ont cherché à se justifier de leurs actions sans que je ne dise rien. Je leur ai vite fait comprendre que l'important était qu'ils passent un agréable moment et qu'ils vivent un beau séjour. Peu importe le moyen ou la manière. Nous sommes tous différents et vivons ainsi, sur un même chemin, des expériences différentes.

    Une autre fois, j'ai passé la nuit dans un gîte d'un ancien pèlerin de Compostelle. M'y ont retrouvé, trois pèlerines qui cheminaient également vers Assise. Seulement, elles ne marchaient qu'une semaine par an, ou guère plus. Elles avaient tendance à beaucoup se plaindre de maux divers et variés. Mais cela est tout à fait normal, la première semaine est toujours difficile pour le corps qui doit s'adapter à une nouvelle vie. C'est seulement après que l'on oublie ces petits bobos, quand elles rentraient chez elles. Mais cela leur appartient. C'est leur choix. D'autre part, elles vivaient une belles semaines entre amies....

    C'est vrai que ces pèlerins ne goutent pas forcément à toute la magie du pèlerinage offerte à celui qui part seul, longtemps, celui qui s'abandonne à la providence et la générosité du chemin, celui qui s'ouvre à la confiance sans peur d'avoir mal, de se perdre, de ne pas avoir de toit... et quand bien même, cela n'est pas un soucis pour lui. Mais ce n'est pas pour cela qu'ils ne vivent pas une belle expérience, à leur niveau, avec ce qu'ils offrent au chemin. C'est leur choix et nous devons l'accepter.

    Chacun vit le chemin qu'il a envie de vivre. Plus on donne au chemin, plus il nous rend en retour. Il faut juste oser...

    Photos: brume matinale à Vézelay / Fleurs du Morvan.


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